La détresse silencieuse

Le Liban, autrefois connu pour sa beauté naturelle, sa culture riche et son peuple accueillant, fait face à une crise profonde et silencieuse : celle de la santé mentale de sa population. Les répercussions des années de crise économique, de corruption généralisée, de pénuries d’électricité, de conflits politiques et de catastrophes telles que l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth ont laissé les Libanais dans un état de détresse sans précédent. Dans un rapport récent, le pays a été classé avant-dernier sur l’échelle mondiale du bonheur, mettant en lumière les difficultés auxquelles les Libanais sont confrontés sur le plan émotionnel et psychologique.

Personne la tête dans une main accoudé à une table

La crise économique dévastatrice qui sévit au Liban a entraîné des conséquences désastreuses sur la santé mentale de la population. Les taux de chômage élevés, l’inflation galopante et la dévaluation de la monnaie ont plongé de nombreux Libanais dans la pauvreté et l’incertitude financière. Cette précarité économique accrue a alimenté le stress, l’anxiété et la dépression chez de nombreuses personnes, qui se sentent désespérées face à l’avenir incertain.

La corruption généralisée et les luttes politiques incessantes ont sapé la confiance de la population envers les institutions gouvernementales. Ce sentiment d’impuissance face à des systèmes corrompus et dysfonctionnels a exacerbé les problèmes de santé mentale des Libanais. Le manque de leadership efficace pour résoudre les problèmes du pays a engendré un profond désespoir et une sensation d’abandon chez de nombreux individus, qui se sentent déconnectés et désillusionnés.

L’explosion tragique qui a ravagé le port de Beyrouth le 4 août 2020 a laissé des cicatrices indélébiles dans l’esprit de la population libanaise. Les traumatismes liés à cet événement dévastateur ont engendré des troubles de stress post-traumatique (TSPT), de l’anxiété et de la dépression chez un grand nombre de personnes. Les pertes en vies humaines, les blessures physiques et les dommages matériels massifs ont créé un climat de peur et de désespoir, exacerbant encore davantage la crise de santé mentale du pays.

Malheureusement, les services de santé mentale au Liban sont gravement sous-financés et insuffisamment développés pour faire face à la demande croissante. Les ressources et les professionnels qualifiés en santé mentale sont rares, ce qui laisse de nombreuses personnes sans accès aux soins dont elles ont désespérément besoin. Le tabou culturel entourant les problèmes de santé mentale rend également plus difficile pour les individus de rechercher de l’aide, car ils craignent la stigmatisation sociale. Des suicides en grand nombre se font remarquer et le taux de criminalité ne fait que s’accroitre.

La détresse silencieuse de la santé mentale des Libanais est un cri de détresse qui doit être entendu. Le pays a besoin d’une attention urgente et d’un soutien international pour investir dans des services de santé mentale accessibles, former des professionnels qualifiés et sensibiliser à l’importance de la santé mentale. La résilience du peuple libanais est admirable, mais il est crucial de reconnaître et d’adresser les difficultés émotionnelles et psychologiques auxquelles ils font face. En offrant un soutien adéquat, le Liban peut commencer à reconstruire non seulement son économie et son infrastructure physique, mais aussi l’esprit et le bien-être de sa population.


Pour en savoir plus :

https://www.lorientlejour.com/article/1332118/le-liban-avant-dernier-du-classement-mondial-des-pays-les-plus-heureux.html

https://www.unicef.fr/article/sante-mentale-cri-de-detresse-des-enfants-au-liban/

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-du-jeudi-16-decembre-2021-5937982

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