Joëlle a voulu me montrer comment était organisée l’aide aux plus démunis.
Je commencerai par ce qui est fait à Kahalé, sa petite ville.
Le Mouvement Apostolique Marial (MAM) y organise la distribution de repas une fois par semaine. Cuisinée intégralement par des volontaires, la nourriture est distribuée aux moins fortunés du bourg (certains, par pudeur, refusent cette aide…)
L’initiative est née avant le carême 2023, d’une proposition de quelques femmes du village, et MAM a apporté son soutien à ce projet.
Il faut savoir que ce genre d’initiative privée est très courant au Liban dans les petites villes chrétiennes.
Comment le mouvement acquiert-il les produits alimentaires à cuisiner ?
Par des dons qui en permettent l’achat : 20€ par ci, 30 par là, la plupart de chrétiens appartenant à la communauté et bien sûr, parmi eux, le Dr Zoghbi. Les prêtres aussi donnent un peu d’argent pris sur la quête. Il y a aussi des dons en nature, fruits et légumes des jardins.
Soit au bout du compte une dépense hebdomadaire d’environ 200€ pour quelque 300 repas.
Où sont préparés les repas ?
Au couvent de Don-Bosco, dont les cuisines sont mises à disposition gracieusement.
Qui distribue les repas à domicile ?
Là encore, c’est la tâche d’un ou deux volontaires, qui utilisent leur véhicule personnel ; l’essence est à leur charge, une charge assez conséquente même si le coût au Liban n’est que de 1$/litre, étant donné le nombre de bénéficiaires et la configuration de Kahalé, tout en monts-et-vaux ; étant donné aussi les revenus dramatiquement bas des Libanais.
J’Interroge Élie et Joëlle sur les pratiques charitables entre musulmans, savoir s’ils font de leur côté la même chose pour leurs frères… Ils ne savent pas trop, mais ce qui est sûr, me disent-ils, c’est que durant le mois de Ramadan ils sont obligés à l’aumône. Car c’est la Loi.
Ma deuxième découverte a été celle d’une sorte de ‘’resto du cœur’’, mais d’esprit chrétien et surtout relevant d’un sacré système de débrouille.
Je vous présente donc : La cuisine de Mariam !
(Mariam est le nom arabe de la Vierge Marie ; elle est partout au Liban, même dans les cuisines… Même dans le cœur les musulmans, qui la prient…).
Créée à l’initiative du Père Hani Tawk, prêtre maronite de Byblos, marié et père de 4 enfants, la Cuisine de Mariam offre 1000 plats par jour, à savoir le repas du déjeuner, 5 jours par semaine plus les jours de fête. Pendant l’été, sa femme et ses enfants participent à la préparation et à la distribution des plats.
En tant que prêtre, le Père Tawk se doit d’accueillir tout le monde, toutes confessions confondues…
Ces repas sont préparés dans les locaux d’une ancienne banque ( !) du centre de Beyrouth, où il a installé une ‘cantine’ avec sa cuisine de fortune… On peut donc y manger sur place ; le reste est distribué dans la rue, à certains points déterminés de la ville.
Voici à quoi ressemble la cuisine/cantine de Mariam :
C’est un miracle d’arriver à faire 1000 plats par jour dans ladite ‘‘cuisine’’…
Parfois on ne sait même pas s’il y aura l’argent nécessaire pour la distribution du lendemain… Le Père alors de se démener, téléphonant à droite à gauche… Et il arrive que la Providence lui réponde généreusement.
Il s’agit ici de l’unique « centre » qui accueille les sans-abris au Liban. C’est un centre de jour (les centres de nuits étant interdits par la loi). Le Père Hany nous confie son grand projet, qui avance au rythme des dons : un futur centre d’accueil de jour avec petites chambres, salle d’eau et salle de soins.
Au moment de nous quitter, il nous demande : « Priez pour moi afin que je reste fidèle à ma mission qui est d’aider TOUT LE MONDE. »
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Beaucoup de Français viennent faire des missions au Liban,
que ce soit avec SOS Chrétiens d’Orient, AED, l’Oeuvre d’Orient…
La plupart des missions et ONG sont de fait françaises.